Le Carrefour sécurité en violence conjugale (CSVC) est basé sur un modèle d’intervention initié à Shawinigan. Celui-ci est maintenant implanté dans trois autres régions du Québec, et le sera également en Belgique et en Tunisie prochainement.
C’est dans l’optique de faire connaître son programme que le CSVC a lancé, ce vendredi, une vidéo explicative et promotionnelle, dans laquelle on peut entendre des intervenants qui appliquent le modèle d’intervention au quotidien.
Ce dernier a été mis sur pied par une équipe d’intervenants à la suite du meurtre d’une femme qui avait requis les services de la maison d’hébergement La Séjournelle de Shawinigan. «Ça a créé un désir de s’activer et de travailler en collaboration pour mieux prévenir le risque», explique Karine Messier Newman, coordonnatrice du Carrefour sécurité en violence conjugale.
La collaboration est en effet au cœur du modèle d’intervention du CSVC, qui a pour but de mettre en place des outils afin de faciliter la communication entre les différents intervenants et acteurs qui travaillent sur des cas de violence conjugale, qu’ils soient du milieu communautaire, judiciaire, médical ou policier.
Alors que le modèle est présentement utilisé au Bas-Saint-Laurent, dans Charlevoix et dans la région de la Capitale-Nationale, le CSVC souhaite qu’il soit déployé partout où il n’y a pas de telle intervention mise en place. «Il existe d’autres modèles de prévention de la sécurité», indique Mme Messier Newman. Certaines régions n’ont par contre pas de tel programme sur lequel se fier quand vient le temps d’évaluer les risques pour la sécurité de personnes impliquées dans une situation de violence conjugale.
Des modèles nés de drames
Le modèle du CSVC ainsi que les autres programmes semblables qui existent au Québec ont été créés à la suite d’un sentiment d’impuissance de la part d’intervenants. «Sur tous les territoires où un modèle est né, c’est né d’un drame», affirme Mme Messier Newman. «Ce sont des acteurs qui se disent: ‘‘On aurait pu faire quelque chose et il est arrivé une tristesse, un drame, qui aurait pu être évité si on avait mieux évalué le risque et si on avait travaillé ensemble’’».
La coordonnatrice du CSVC explique qu’une communication entre divers milieux est parfois nécessaire afin qu’une intervention soit la plus efficace possible. En Mauricie, par exemple, le CSVC travaille avec le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie-Centre-du-Québec. «On va travailler en étroite collaboration pour voir si, dans leurs bureaux, il y a des gens qui travaillent sur un dossier et qui pourrait nous aider», souligne Mme Messier Newman.
Elle donne l’exemple d’une personne qui serait suivie en santé mentale et dont le médecin ne serait pas au courant de ce qu’elle vit présentement sur le plan personnel. «Si on ne se parle pas, on ne peut pas le savoir, parce qu’on n’a pas accès à toute la vie de la personne, donc c’est en se parlant qu’on réussit à comprendre la situation», dit-elle.
Un financement difficile
Un des défis auxquels font face les intervenants du CSVC est la difficulté à recueillir du financement pour déployer davantage le programme à travers la province.
«On est toujours à la recherche de financement et on n’a pas de fonds récurrents, parce qu’on est trop intersectoriel», explique Mme Messier Newman. Le fait que le CSVC travaille en partenariat avec plusieurs milieux nuit à ce problème de financement. «On ne répond pas aux enveloppes de la justice, ni de la santé, ni de personne finalement», indique la coordonnatrice du CSVC.
La situation est d’ailleurs la même pour tous les programmes semblables au Québec. «Tous les modèles ont de la difficulté à survivre, alors qu’on a vraiment besoin d’exister», conclut-elle.